Islam et violence, le salafisme djihadiste

présenté par Antoine Fleyfel

Islam et violence, le salafisme djihadiste

 

Beaucoup assimilent Islam et violence. En réalité, il serait faux de dire que l’Islam est une religion violente même si on y trouve de la violence : comme toutes les religions, l’Islam est traversé de courants divers : rationalisme et fidéisme, mystique et violence, libéralisme et traditionalisme…

 

Parmi ces courants, certains sont violents, et parmi eux le salafisme est celui qui attire le plus l’attention car c’est lui qui a inspiré des organisations comme Al‑Qaïda, l’État Islamique, Boko Haram, etc.

 

Mais il est nécessaire de bien préciser les choses afin d’éviter les amalgames : tous les musulmans ne sont pas des salafistes, et tous les salafistes ne sont  pas violents.

 

1. Qu’est-ce que le salafisme ?

 

Le terme salafiste vient d’un mot arabe qui signifie «Les pieux prédécesseurs », c’est-à-dire le prophète et ses compagnons, et les deux premières générations qui le suivent. Ils sont l’exemple parfait qu’il convient d’imiter dans tous les domaines de la vie.

 

Mais le salafisme est éclaté et on peut distinguer trois branches principales.

 

La première branche, ce sont les salafistes quiétistes. Ils sont majoritaires et seraient environ 15.000 en France. Ils essaient de vivre les préceptes du Coran en rejetant la vie sociale et politique. Ils méprisent les autres salafistes qui essayent de jouer le jeu de la démocratie car la politique est source de divisions qui menacent l’unité de la Umma, c’est-à-dire la communauté musulmane.

 

La deuxième branche, ce sont les salafistes réformistes. Ils  maintiennent la façon traditionnelle de comprendre la vie, le Coran et le monde mais, à l’instar des Frères Musulmans, ils acceptent de s’impliquer en politique. Ce mouvement a vu le jour pour lutter contre la famille royale d’Arabie Saoudite qui avait pactisé avec les « mécréants » américains au moment de la guerre du Golfe, défigurant ainsi l’Islam.

 

La troisième branche, c’est le salafisme djihadiste. Il donne la priorité au djihad armé et constitue la base intellectuelle du terrorisme et des opérations suicide dans le monde. XXXXX est l’un des inspirateurs majeurs de ce courant qui a pris forme lorsque l’Arabie Saoudite a envoyé des moudjahidines pour combattre en Afghanistan.

 

  • Les salafistes djihadistes ont la volonté de libérer les pays musulmans de l’occupation étrangère. C’est pour cette raison qu’ils sont partis combattre la Russie en Afghanistan et c’est pour cette raison aussi qu'ils se sont ensuite retournés contre l’Arabie saoudite.

 

  • Mais surtout ils veulent établir un État musulman (qui serait la restauration du Califat ancestral).

 

Trois personnages principaux ont inspiré la littérature salafiste :

 

Ibn Hambal : (9ème siècle) Il a fondé une des 4 écoles juridiques de l’Islam. Il voulait une réforme de l’Islam face à ce qu’il considérait comme une déviation de la doctrine : le recours à la philosophie donc de l’utilisation de la raison dans la compréhension de l’Islam, ou encore le mysticisme ou le chiisme. Lui et son école ne reconnaissent comme autorité que le Coran et la Sunna (= la Tradition) qu’il faut protéger de toute innovation.

 

Ibn Taymiyya : (13ème siècle) Il réagissait face à une invasion mongole qui menaçait l’existence même de l’Islam. Il s’opposait à toute intrusion étrangère dans l’Islam : le recours à la philosophie grecque, le soufisme et toute réinterprétation du Coran. Pour défendre l’Islam, il préconise le recours au djihad qu’il considérait comme aussi important que la prière.

 

Ibn Abdelwahhab : (18ème siècle) Il avait fait une alliance avec la famille royale d’Arabie saoudite : « Vous prenez soin de la politique, je prends soin de la religion. Je vous protège, vous me protégez. » Ceux qui se réclamaient de lui utilisèrent donc la violence pour lutter contre tout ce qui était étranger à l’Islam.

 

2. Les principes doctrinaux majeurs du salafisme :

 

  1. Le passé, c’est-à-dire les trois premières générations de l’Islam.
  2. Le texte sacré qu’il faut lire d’une manière littérale.
  3. La Sunna (Tradition) qui est plus importante encore que le Coran.
  4. Le prophète Mahomet qui est une figure idéale.
  5. La fixité de la doctrine et du mode de vie.
  6. Le refus de l’altérité : juifs, chrétiens, mais aussi les autres musulmans (chiites ou autres sunnites qui n’adhèrent pas à la même interprétation de la vérité.)

 

3. Vers le salafisme djihadiste

 

La chose la plus importante c’est la Umma, c’est-à-dire la communauté musulmane idéale qui est la réponse à tous les problèmes et qui s’incarne dans la création d’un État Islamique : le Califat originel dans lequel le Calife a pour mission de faire appliquer la loi divine. En conséquence tous les autres régimes politiques sont blâmables et mécréants et doivent être combattus et il incombe à tous les musulmans qui ne peuvent pas vivre la Umma là où ils sont, d’émigrer en terre musulmane. Les frontières du Califat, c’est le monde.

 

4. Les principes doctrinaux du salafismes djihadiste :

 

  1. Il n’y a de Seigneur que Dieu. Donc toute autre autorité politique est illégitime, tout autre régime politique que le Califat, comme par exemple la démocratie, doit être combattu.
  2. La djahida : période préislamique de l’ignorance de la vérité.
  3. L’Islam n’est pas seulement un culte ou une religion mais une vision globale qui explique et régit toute la vie.
  4. Fidélité exclusive à l’Islam, qui exclut toute autre fidélité à la république, à la nation, etc.
  5. La négation de l’autre et de sa différence.
  6. Le rétablissement du Califat par la force : le djihad armé.

 

Conclusion :

 

L’État Islamique n’est pas un État au sens moderne et démocratique du terme, il est synonyme de Califat. Il importe de préciser aussi que le djihadisme n’est pas le seul courant violent de l’Islam et d’autre part que la plupart des musulmans s’inscrivent dans des courants pacifiques qui rejettent totalement le recours à la violence pour faire prévaloir leurs idées. Enfin Antoine Fleyfel a terminé son intervention en disant : « Beaucoup de musulmans considèrent, comme moi, que le dialogue est le seul moyen d’apprendre à se connaître, le seul moyen de construire ensemble un monde fraternel où nos différences ne seront plus sources de divisions mais au contraire source d’enrichissement mutuel

 

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Article publié par Gérard PIQUE • Publié le Mercredi 25 mai 2016 • 3235 visites

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